Le train-train sibérien
- Dianou
- 19 juil. 2015
- 5 min de lecture
« PETITE » SYNTHESE DE LA VIE DANS LE TRANSSIBERIEN:
Alors, pour vous situer la chose, le transsibérien se compose de 3 classes :
- la 1ère classe ou SV, composée de compartiments à 2 couchettes
- la 2nde classe ou Koupé, de compartiments à 4 couchettes
- la 3ème classe ou Platskart, non compartimentée et pouvant accueillir 54 passagers !
Les couchettes sont regroupées par 4 d’un côté et par 2 de l’autre, la couchette inférieure de ce côté se transformant en table et sièges durant la journée.


Guillaume sera en bas, j’irai escalader en-haut !
Ambitieux, nous avions donc pris nos billets en 3ieme classe !
C’est… une expérience ! Mais c’est à vivre !
Et voilà une journée-type de la vie à bord, durant ces 4 jours :
Lorsque nous arrivons dans le train, notre provodnik (entendez le maître du wagon, qui est bien plus souvent une femme), nous distribue draps, taie d’oreiller et petite serviette de toilette. Après avoir observé les habitués faire, nous nous mettons à l’œuvre !
Puis, tout le monde commence à se mettre physiquement à l’aise : tatanes, short ou jogging, ou même pyjama (!) sont visiblement de rigueur !
Et c’est le moment des présentations avec ses voisins de couchettes ! (Cf. nos rencontres)
Nos occupations n’ont pas été TRES variées !
En effet, après le petit déj’, nous nous rendormons
nous regardons le paysage, très monotone de la taïga, fait d’arbres et d’arbres… et encore d’arbres !
nous écoutons de la musique jusqu’au fameux Low Battery…
nous jouons aux cartes (bataille fermée, bataille ouverte, bataille corse… plutôt varié et palpitant !!)
nous lisons
nous écrivons sur notre calepin (merci Adeline et Benoit !) notre petit journal de bord étape par étape, heure par heure…


Parfois, il y a des arrêts plus longs que d’autres et nous pouvons nous dégourdir les gambettes et nous ravitailler directement sur le quai d’eau fraiche, de glaces et de pipas (graines de tournesol dont ils crachent l’enveloppe à longueur de journée, charmant !) pour les russes, de charcuterie, pirojki (chaussons fourrés à la viande), fruits et légumes !
A un arrêt nous avons même vues des femmes vendre les poissons entiers séchés et fumés ! Pitié, que personne n’en prenne dans notre wagon car merci pour l’odeur…. !!
Et une fois, un vendeur de jouets bien kitch pour enfants!


Et puis c’est l’heure de faire sa toilette ! Rapide, efficace (…ou pas !) : une lingette bébé sur la bouille, et un petit tour rapide sur le reste du corps et c’est fini !! Au bout de 2 jours, la forte chaleur arrivant, et étant à mi-chemin du parcours, nous primes la grande décision de changer de T-shirt (et de sous-vêtements me concernant ! On passera sur le cas de Guillaume !). Alors OUI, pendant 4 jours nous avons observé les locaux et constaté qu’ils sortaient la tête et les mains mouillées des WC ; et OUI, nous avons cherché sans répit comment faire couler l’eau du robinet des WC mais ce n’est qu’à l’aube du dernier jour que Guillaume a compris (moi, je cherche toujours… !). Ça nous aurait peut-être sauvé pour se débarbouiller un peu plus et se laver les dents (car OUI, les TicTac sont une belle invention mais NON ils ne font pas tout !!!).
NDLR : ce petit périple m’a étrangement rappelé, tout du moins au niveau promiscuité et hygiène, les w-e ski entre cerveaux (mais avec 2 WC pour 54 personnes…) !!!
Puis vient l’heure de manger ! Au menu :
- soupes de nouilles chinoises lyophilisées (repas préféré de Charline ?!), très en vogue dans le train !!
- saucisson à l’ail (on cherche toujours le bon saucisson sec de chez nous !)
- pain de mie plutôt sécoss
- œufs durs (merci Ksenia !)
- tomates / concombres quand nous en trouvions sur le quai
- fruits
- biscuits
C’est un peu tout le temps pareil, et la soupe quand on est 54 dans un wagon et qu’il fait 30°C, ben…. ce n’est pas évident !!! Tout ceci, arrosé de litrons de thé !

Et là, digestion oblige, donc nous reprenons notre principale « activité » d’après-petit-déj, à savoir la sieste ! Et tout le reste !
« Là-haut », comprenez sur le lit supérieur, il fait meilleur. En effet, on peut ouvrir une micro-fenêtre qui apporte de l’air lorsque le train roule. Sauf que, seul bémol : les trains que nous croisons semblent être essentiellement des transporteurs de charbon, et forcément… je finis par saisir pourquoi j’ai beau me nettoyer les ongles 10 x/j, secouer mes draps autant de fois et me débarbouiller avec ma lingette Mustela quotidienne : tout redevient aussi noir qu’avant !
Et enfin, c’est le repas du soir, composé des mêmes succulents mets du midi !
Puis les lumières se tamisent vers 22h30 et il est l’heure de regagner son lit (plus noir que noir s’il en est !).
Petite parenthèse sur les WC (toujours ma hantise !) : rien qu’à voir leur état en 3ème classe, ça vous passe toute envie d’y séjourner plus de 2mn. Le transit s’en ressent donc ! Ceci dit, ce n’est pas l’activité à bord qui l’active… Soit !
Nos rencontres : lors de la première partie du trajet, nous avions face à nous :
- en bas : Lydia, environ 80 ans, que nous apprendrons à détester pour son odeur de pieds atroce et ses ronflements intempestifs, que même les boules-quiès ne masquent pas !!! Et qui nous accompagnera jusqu’à la moitié du voyage (tout de même !). Nous ne savions plus si nous devions préférer les longues périodes où elle dormait (mais avec ses grognements extraordinairement bruyants !), ou bien les moments où elle regardait le paysage, assise, en glissant ses gros pieds malodorants sur les tongs de Guillaume…Entre les 2, nos cœurs balançaient ! Lorsque nous la vîmes rassembler ses affaires, le sourire revint sur nos lèvres, nos yeux pétillèrent : nous comprimes que la fin était proche !!!! LIBERATION !!!
- en haut : […], prénom incompréhensible mais nous l’appellerons Tom ! Il lui manque quelques chicots mais il est très gentil et aurait aimé parler avec nous s’il avait su parler anglais (ou nous le russe...). Il nous proposa chaque fois de goûter ses repas, nous expliqua où se servir de thé (au samovar en l’occurrence, Cf photo !), quand descendre faire ses achats sur le quai… Malheureusement, il nous quitta le matin suivant, avec ses amies de droite : Natasha(te) et Katia !

Nous avons passés quelques 24h seuls dans ces 6 couchettes, quel bonheur de ne pas être entassés par cette chaleur ! Mais l’avant-veille au soir, le wagon se re-remplit avec face à nous en bas: Alec, ingénieur ne parlant pas un mot d’anglais ; et Alexandre ou Sacha… (Il dit qu’il voit pas le rapport !), ingénieur de 35 ans allant en vacances chez ses parents au lac Baïkal et parlant très bien anglais ! On discutera pas mal avec lui, il nous apprit même un jeu de cartes russe : le Dourak (personnellement, j’ai toujours pas compris les règles, ce qui ne m’empêcha pas de gagner quelques parties… !).
Concernant les autres personnes qui se sont succédées, nous avons eu beau essayer de lier le contact en leur proposant du saucisson à l’ail-qui-a-chaud, il n’y a rien eu à faire !!

Au final : nous aurons traversé 5 fuseaux horaires jusqu’à Irkoutsk, passé 86h dans le train (et, accessoirement, frôlé la crise de nerfs au cours de ces dernières !), pour 5185Km !
Au bout d’une journée, nous commencions à être sérieusement engourdis du train-arrière ; et au bout de 4 jours nous sommes à la limite de l’escarre sacro-coccygien !
Et surtout, nous ne rêvons que d’une chose : PRENDRE UNE DOUCHE (que nous espérions chaude… affaire à suivre) !!!!
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