De Sajama à Sorata : retour au calme, en pleine nature et coupés du monde…
- Dianou
- 8 mai 2016
- 10 min de lecture
Après ces quelques jours passés en ville, nous avions juste envie de retrouver la quiétude des petits villages reculés au milieu de nulle part. C’est donc le 18 avril de bonne heure que nous quittons La Paz…sous la pluie ! Sans regret ! Nous prenons un premier minivan pour Patacamaya puis croisons les doigts pour réussir à attraper le seul minivan quotidien qui rejoint le petit village de Sajama.
Après un loonng arrêt « racolage » sur les hauteurs de La Paz (qui nous fait penser que nous ne serons jamais à temps à Patacamaya !) afin de trouver des gens pour remplir le bus à prix bradé, nous nous faisons déposés au milieu de la route principale car celle-ci est bloquée par un groupe de manifestants en fauteuils roulants. Ceux-ci nous lancent d’ailleurs des « Adelante compañeros ! » (« En avant compagnons ! »). Oui, enfin ne nous en voulez pas mais nous, nous voulons juste arriver à l’heure pour choper notre bus !
Après une petite marche et l’aide d’un charmant monsieur qui se fait une joie de nous indiquer le chemin, nous trouvons de la place dans ce minivan de 14 personnes (dont 7 sont des… français ! Dépaysant quoi !).
Les paysages traversés jusqu’au village de Sajama sont magnifiques mais plus nous avançons, plus le ciel est menaçant et moins nous distinguons les sommets des 3 volcans qui surplombent ce village, dommage ! Une fois notre logement trouvé, l’orage accompagné d’averses s’abat d’ailleurs sur la petite bourgade ! Ça sera tout pour nous aujourd’hui : nous resterons donc reclus dans notre petite chambre, dans la cour de l’habitant, aussi chaude qu’un réfrigérateur jusqu’à ce que « Mamita » comme sont surnommées les femmes ici, nous prévienne que le repas est prêt ! Rien de tel qu’une bonne soupe de légumes en entrée pour se réchauffer (non ceci n’est pas un montage : oui Guillaume a tout mangé et oui il se « régale » de soupes tous les jours depuis notre arrivée en Bolivie car celles-ci sont inévitables dans les traditionnels menus bon marché, dits « almuerzo »!!) :


D’ailleurs, lorsque Mamita est venue nous demander si l’on souhaitait qu’elle nous prépare à manger et si nous étions végétariens – et alors que j’étais justement en train de rédiger le paragraphe du dernier article concernant la nourriture bolivienne - je me suis empressée de répondre « Oui !!! ». Si ça peut m’éviter 3 jours de poulet frit alors je dis oui ! Au final, ça m’a permis d’échapper à un steak d’alpaga et à une bolognaise à cette même viande, qui n’était pas si fameuse !
Puis, il est l’heure de rejoindre notre couche, serrés l’un contre l’autre, gelés jusqu’aux os ! Non, il n’y a pas de chauffage et aucune isolation, seulement de maigres couvertures !
Le lendemain, nous nous mettons en route pour l’objectif de notre venue ici : le lac Huaynakuta. J’avais vu des photos sur des blogs de cette lagune avec fond de ciel bleu, montagnes enneigées autour et lamas et vigognes qui broutent dans les champs… Sauf qu’après 12Km interminables sur une piste caillouteuse et un ciel plus que menaçant ainsi qu’un vent froid, nous ne voyons ni lagune (mais une bien maigre flaque à la place !), ni lamas, ni sommets de montagne, ni ciel bleu… Et pile au moment où nous arrivons, bam, la grêle se met à tomber ! Là, à ce moment précis, j’ai juste envie de pleurer ! Tout ce que j’étais venue chercher ici, envolé ! Il y a des fois comme ça, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Alors bon, il y a quand même quelques flamands roses et vigognes pour me consoler, mais… La déception est tout de même grande !


Sur le retour, entre gouttes et éclaircies, nous parvenons tout de même à approcher quelques lamas pour mon plus grand bonheur (désormais mon animal favori avec le flamand rose !) :



Et en rentrant (et contre toute attente !), le miracle se produit : dans la douche, eau chaude il y a !!! Parfait pour nous réchauffer brièvement ! En tout cas, nous n’avons pas vraiment aperçu le soleil, mais à presque 4 300m d’altitude, ça ne lui a pas empêché de me cramer le visage !!

Le soir, c’est Mamita qui nous « régale » encore avant de regagner notre chambre glaciale !
Le lendemain matin, au réveil, le ciel est d’un bleu immaculé : ni une ni deux, je m’enroule dans ma serviette de toilette Quechua, enfile un sweet par-dessus et chausse mes tennis pour aller dehors immortaliser ce beau panorama sur les 3 volcans qui entourent le coin (la grande classe, j’avoue !). Nous distinguons les 2 volcans jumeaux (« payachatas ») qui marquent la frontière avec le Chili ainsi que le volcan Sajama, le plus haut sommet de Bolivie (6542m) :


Par chance, ce ciel bleu azur perdure ! Nous nous mettons donc en route pour une jolie randonnée qui nous mène à des geysers qui bouillonnent et qui fument. Nous ne croisons personne (comme la veille) : le top !



Sur le retour, nous faisons un petit décroché pour prendre « quelques » clichés de ce splendide paysage : des lamas, du soleil, du ciel bleu et des volcans… Un régal pour les yeux !



Nous mâchons nos premières feuilles de coca comme les locaux: une bonne poignée de feuilles séchées coincées d’un côté du fond de la bouche et on les laisse « infuser » au contact de notre salive. C’est sensé stimuler dans l’effort, plus difficile à cette altitude… Mouais, pas hyper convaincue de mon côté mais le goût rappelant celui du tilleul n’est pas désagréable !

Le lendemain, frigorifiés, nous prenons le seul minivan qui repart de Sajama aux aurores pour Patacamaya. De là, même principe : nous reprenons un minivan pour La Paz qui ne sera qu’une étape puisque nous prenons un 3ième van pour la gare routière afin d’attraper un 4ième van (promis ça se termine !) pour Sorata, petit village niché au creux de la magnifique vallée du même nom ! Le paysage sur la route est d’ailleurs splendide, bien que le volcan Illampu rechigne à se montrer totalement !
Ici, nous commençons par poser nos sacs dans une auberge citée par le Routard : Ok, mais c’est super miteux, merci pour les bons conseils ! Alors, mine de rien je file repérer ce qu’il y aurait de mieux dans le coin et tout à fait par hasard, je me retrouve à visiter une chambre beaucoup plus sympa (tout reste relatif hein, nous finissons par nous extasier devant des choses bien glauques après 10 mois de voyage !) avec jolie vue sur la vallée depuis l’un des lits :

En plus, j’ai un super bon feeling avec la propriétaire que je trouve adorable : c’est parti on se tire discrètement du 1ier taudis!
De là, nous commençons par nous renseigner dans une agence sur les treks à faire dans le coin non sans une petite idée en tête : il y a une randonnée de 2 jours qui mène à la Laguna Chillata puis (et surtout !) à la Laguna Glaciar qui semble être une merveille. La 1ère agence où nous allons, c’est un vieux monsieur édenté qui nous reçoit et qui peine à faire ses additions : nous le sentons moyennement sérieux ! Le second, qui semble l’être beaucoup plus, nous fait un total qui ne rentre absolument pas dans notre budget ! A mon plus grand regret donc, nous abandonnons l’idée de nous rendre à la Laguna Glaciar mais nous ferons à la place la Laguna Chillata par nos propres moyens (faute de moyens justement !).
C’est donc dès le lendemain que nous nous mettons en route pour cette lagune. On nous a prévenu, et je l’ai lu : il est difficile de s’y rendre sans l’aide d’un guide car il y a moultes bifurcations et aucune indication… 2 touristes y sont d’ailleurs allés sans jamais trouver cet endroit ! Mais le petit côté breton-têtu nous fait passer outre ces recommandations et nous voilà partis de bon matin à crapahuter dans la montagne (le village se situant à 2700m d’altitude et la lagune à… 4200m, rien que ça !). Au fur et à mesure que nous grimpons (et nous trompons de chemin !), le ciel s’assombrit, nous nous retrouvons dans les nuages, le tonnerre gronde de plus bel… Un petit air de fin du monde mais, inconscients et toujours aussi têtus, nous persévérons et arrivons ENFIN, épuisés avec plus trop de forces dans les jambes, à notre but : j’ai nommé la Laguna Chillata ! Malheureusement, celle-ci est également dans les nuages et le volcan Illampu que nous devrions voir trôner majestueusement au-dessus de celle-ci tente en vain de se dégager sans y parvenir :


Nous n’avons donc pas choisit la meilleure journée pour cette randonnée (surtout que tous les autres jours furent magnifiques !) qui fut éprouvante mais c’est quand même avec fierté (et une légère larme à l’œil !) que nous sommes arrivés jusqu’ici sans abandonner (malgré le tonnerre, les nuages, le vent et les moments d’égarements !). Je crois que nous pouvons le dire : nous en avons sacrément bavé et c’est, je crois, la randonnée la plus dure que nous ayons faite depuis le départ !
Le temps d’avaler notre pique-nique rapidement et nous redescendons car il y a un vent bien froid en plus des nuages ! Sur le retour, nous prenons même un peu de pluie mais rien de très méchant ! Et, la masse nuageuse franchie, les éclaircies sont un peu plus présentes ce qui nous offre tout de même un joli panorama sur la vallée environnante :


Pour la petite histoire, ce cliché j’ai voulu le prendre lors de notre montée où la bergère était de dos mais, malheureusement pour moi, elle s’est retournée pile à ce moment-là et s’est mise à m’insulter en Quechua… Elle nous a surement jeté un vilain sort sur la météo en tout cas !

De retour à Sorata, après une bonne douche électrique chaude (oui parce qu’en Bolivie, les douches sont toutes montées sur ce même modèle - Cf. photo ci-dessous - où l’on a une chance sur 2 de jouer à Cloclo lors de chaque passage !), nous avons juste envie de nous en coller une avec un bon Pisco Sour (bon rassurez-vous, un seul me suffit amplement !). Et puis feu la « gastronomie » bolivienne, nous avons trouvé NOTRE QG à Sorata, un resto pour touristes pas si mal que cela !

Le lendemain, un magnifique ciel bleu est déjà bien présent au réveil (un peu dégoutés d’avoir randonné avec le temps de la veille du coup…) alors nous prenons notre petit déjeuner sur la place du village, à la mode locale : de l’api (boisson épaisse à base de maïs violet, cannelle et clous de girofle) accompagné de bunuelos (beignets ! Eh oui, le gras attaque dès le p’tit déj’ ici ! Pas de repos pour la vésicule !) :

C’est jour de marché aujourd’hui, et également jour de sensibilisation prénatale où de nombreux panneaux sont exposés sur la place afin de promouvoir les bienfaits de l’allaitement maternel, les motifs de consultation pour une femme enceinte, son régime alimentaire,…


Après le repas de midi, nous partons à pieds pour le village de San Pedro situé à 2h30 de marche, afin de visiter la grotte du même nom. Nos hôtes (tout comme le Routard) nous conseillent de faire l’aller ou le retour à pieds mais de faire l’autre en taxi. Effectivement, la route est superbe et nous ne regrettons pas une seconde (enfin Guillaume si !) d’y aller en marchant afin de pouvoir profiter au maximum de la vue :



En revanche, l‘entrée de la grotte dans laquelle se trouve un lac souterrain est chère pour la Bolivie et ne vaut pas vraiment le coup d’y entrer… Tant pis, ça nous aura occupé l’après-midi ! Surtout que pour le retour, lorsque je demande le prix de la course pour rentrer à Sorata aux taxis, je leur tousse au nez : ils m’indiquent plus de 4 fois le prix que nos hôtes nous avaient annoncé ! Bon, ben… nous n’avions pas encore assez de courbatures et d’ampoules à notre goût: soyons fous et rentrons à pieds ! Poulou se régale !!
Et puis, malheureusement pour nous, nos hôtes ne sont pas là en rentrant et Guillaume a oublié la clé de la chambre dans… la chambre !! Nous trouvons donc porte close ! Ce n’est pas un souci : nous allons patienter en prenant un verre sur la place comme à notre habitude depuis notre arrivée et ce, avant que le soleil ne disparaisse ! Sauf qu’au retour, il commence à faire frisquet et la porte est toujours aussi close ! Alors nous questionnons les voisins, dont un qui essaye de les appeler en vain et fini par nous dire où ils se trouvent ! Par chance, ils sont à une fête dans le village de Sorata : OUF !!
Nous débarquons donc, en mode Décathlon-tout-transpirant-et-tout-poussiéreux (le chemin terreux avec les voitures qui passaient toutes les 2 secondes aura eu raison de nous !), au beau milieu d’une fête religieuse où nous retrouvons Yerca et Lucho, nos hôtes ! Lucho, lui, est rond comme une queue de pelle et tient à peine debout (il faut dire qu’il est 19h et que la fête a débuté à 11h ce matin !). Yerca, adorable, ayant pitié de nous et me voyant avec le Tupperware que je viens d’acheter à la main (oui, il m’aura fallu presque 10 mois pour me décider à en acheter 1 pour le voyage, rentable !), nous demande si nous voulons manger « Nooonn, on veut juste la clé pour rentrer prendre une douche !! », monte et redescend avec 2 assiettes pleines d’une spécialité locale très bonne (dont le nom m’échappe !) et nous installe à leur table au milieu de la famille ! Et voilà que les chapeaux à paillettes sont de sortie et l’on nous en pose un sur chacune de nos têtes puis la piste de danse s’enflamme et les locaux commencent à se déhancher plus que de raison pendant que Lucho nous fait trinquer 20 fois avec des verres de whisky… ! Et nous, comme 2 pouilleux et se sentant comme 2 pique-assiettes au milieu de tout ça… Enfin, ça n’a pas duré longtemps (car Yerca a profité de l’occasion pour ramener Lucho qui avait assez bu comme ça, à la maison, avec l’aide de son neveu et de Poulou pour le soutenir !!) mais nous nous serons bien amusés !!
Le lendemain, une merveilleuse journée s’annonce encore et malgré ce que nous avions prévu (partir de bonne heure pour rejoindre le lac Titicaca), je parviens à négocier auprès de Poulou une journée de plus ici dans ce merveilleux décor et dans cette ambiance plus agréable qu’ailleurs : tant pis, le lac attendra ! Nous avons donc passé une journée supplémentaire à ne rien faire de spécial, juste à profiter de cette petite bourgade qui nous a tant séduits en se posant sur différentes petites places à observer la vie locale se dérouler…
Prochaine étape donc : le lac Titicaca côté bolivien ! A très vite !
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