Patagonie argentine
- Dianou
- 14 mars 2016
- 10 min de lecture
i Holitas a todos !
Nous voilà donc debout aux aurores le 19 février, afin de rejoindre l’aéroport de Buenos Aires pour prendre notre vol pour Ushuaia ! Levés à 3h15, nous nous mettons donc en route pour l’aéroport par un temps qui signe déjà la « fin du monde » : orages violents, trombes d’eau… Ça s’annonce déjà bien ! Plusieurs vols sont retardés, notamment le nôtre ! Enfin, nous ne partons finalement qu’avec une demi-heure de retard et là, alors que nous commençons à sombrer dans les bras de Morphée, c’est le drame…. Des trous d’air comme jamais nous n’en avons ressenti, l’avion qui fait des demi-loopings si bien que je vois l’horizon par intermittence par le hublot (« je te vois, je ne te vois plus, je te vois… »). Je crie (comme beaucoup d’autres !), je plante mes ongles dans le bras de Guillaume qui dort à ma droite, imperturbable, la bouche grande ouverte… « J’ai peur ! » lui dis-je en l’agrippant de mes mains moites tellement je suis terrifiée, ce à quoi il me répond, d’un calme olympien : « Je ne peux rien faire ma chérie, nous sommes dans un avion… ». Le pire c’est qu’il a raison ! J’attrape le carton récapitulant les consignes en cas de problèmes mais je suis bien trop nerveuse pour me concentrer dessus ! J’ai bien l’impression que le pilote n’a plus aucun contrôle de son avion et que nous allons vraiment nous crasher, là, maintenant, tout de suite ! Bref, une expérience horrible renouvelée lors de notre arrivée à Ushuaia…. Frileux de sensations fortes, s’abstenir !
Enfin, ça y est, nous y sommes : « El fin del mundo » ! La ville la plus australe de la planète à ce qu’ils en disent (sauf que c’est pour leur pub car côté chilien il y a une ville encore plus au sud !). Mais pour le « fun », un petit coup de tampon sur le passeport s’impose… !


Cette première journée est donc maussade avec un bon vent glacial, alors nous nous remettons tranquillement de nos émotions (en n’étant pas mécontents de ne pas reprendre un vol de suite !), en nous baladant dans la ville qui en soi, n’est pas folichonne mais qui offre de jolis paysages :


Le lendemain, nous prenons un bus pour le parc national Tierra del Fuego, où nous passons plusieurs heures à nous promener tantôt dans la forêt, tantôt sur la « plage ». Une fois arrivés à la fin de la route 3 (tout un symbole en Argentine puisque cette même route débute à Buenos Aires) il se met à pleuvoir des trombes… Même pas le courage de se faire prendre en photo devant ce panneau symbolique !



Et comme le ciel s’est assombri d’un coup, il se dégage et la fin de la journée s’avère plus ensoleillée !
Nous finissons par longer un peu le joli lac Rocca en attendant que le bus n’arrive pour rentrer à Ushuaia, où nous avons rendez-vous avec Djé, l’ami de Poulou ! Rien de tel qu’un « petit » sandwich à la milanaise complet, entendez par-là : une baguette à la mie bien épaisse, une escalope milanaise (donc panée !), du jambon, de l’œuf, du fromage, de la « machonaise » (mayo !), un peu de salade et de tomates pour se donner bonne conscience, le tout bien tassé et accompagné de papas fritas (frites !) et arrosé d’un litre de bière ! Bienvenus en Argentine, le pays de la demi-mesure !!!!
Le lendemain, nous allons randonner tous les 3 jusqu’à la Laguna Esmeralda dont l’eau est, comme son nom l’indique, émeraude ! De toute beauté ! Nous en profitons pour y pique-niquer ! Zut, j’ai oublié de prendre des couverts… Bon, ben ces 2 bouts de bois feront l’affaire en guise de baguettes (ça tombe bien, ça me manquait !!).



Nous pouvons admirer les « œuvres » des castors qui ont construits des barages eux-mêmes en disposant des morceaux de bois de telle façon que cela forme un bassin ! Elles sont futées ces petites bestioles !

Le 22 février, nous quittons Djé (qui reste une journée de plus que nous) pour prendre un bus où nous l’attendrons à El Calafate (lui nous rejoindra en avion avec Gus !). Réveil à 6h15 pour prendre le bus à 7h. Enfin ça, c’était sur le papier : en réalité ça ne s’est pas tout à fait passé comme prévu ! Déjà, arrivés sur le parking qui fait office de gare routière, nous sommes les seuls à attendre… Etrange ! Nous demandons aux rares lève-tôt que nous croisons si nous attendons bien au bon endroit (ceux-ci sont d’ailleurs adorables, ils se démènent et s’interpellent les uns les autres pour savoir s’il n’y a pas quelqu’un mieux renseigné qu’eux ! Tout le monde y met du sien mais personne ne sait vraiment !): oui, oui ça doit être ici qu’il faut l’attendre… Sur notre ticket nous avons quand même une autre adresse alors nous filons voir : l’agence est fermée donc nous retournons sur notre parking où nous patientons 1h jusqu’à ce que les premiers employés du seul guichet de la « gare routière » arrivent. L’homme à qui je demande trouve cela bizarre car « en général les bus pour Rio Gallegos (notre escale pour rejoindre El Calafate) partent vers 4-5h du matin (cela sera d’ailleurs confirmé par une autre femme ensuite)… Ok, donc l’heure inscrite sur le billet serait une erreur… Parfait !! Nous avons donc payé un bras ce trajet (comme tous les autres d’ailleurs) mais il n’y a pas de bus…. Il est 8h du matin, nous ne pouvons pas nous permettre de repayer cette même somme : nous allons donc tenter notre chance en stop dans le vent glacial de la Terre de feu ! Décidemment, ce petit détour à Ushuaia est initiatique ! Nous commençons doucement à cumuler les expériences désastreuses en transport ces temps-ci (Cf : le scooter à Bagan, la traversée en bateau pour Koh Tao en Thaïlande, l’avion pour Ushuaia et maintenant le bus… et le stop !).
Bref, je demande donc au jeune homme où il est le plus aisé de « faire du doigt » par ici, il nous indique la sortie de la ville là où passent les routiers : c’est parti, nous nous mettons en route ! Adorable, il nous rattrape dehors et nous propose de nous y emmener !
Ici, il y a déjà 4 israéliens sur place qui nous regardent d’un mauvais œil lorsque nous arrivons. Ils se séparent en 2 groupes, nous nous postons juste après eux. Très rapidement un camion s’arrête et prend les 2 devant nous… puis s’arrête à notre niveau et nous propose de nous prendre également ! Il ne va qu’à une centaine de kilomètres d’ici mais ça nous fait déjà gagner une heure, c’est toujours ça ! Et puis si c’est toujours aussi rapide ça devrait aller pour la suite…
Arrivés à « destination », il nous lâche sur le bord de la route, face à une station-service : j’y fais un aller-retour rapide pour demander si quelqu’un va dans notre direction : négatif ! Alors je reviens près de Guillaume et les israéliens vont boire un café à la station. Ils finiront par être pris avant nous… (Les chameaux !). Il fait un froid de gueux avec ce vent à décorner les bœufs… Nous patientons 5h comme cela, le pouce levé face au trafic si peu dense de ce lundi matin… Les automobilistes et routiers nous répondent majoritairement par des signes qui semblent désigner la police mais jamais personne ne s’arrête... Nous ne savons plus trop quand est-ce que nous pourrons être à Rio Gallegos et encore moins à El Calafate !
Nous marchons donc 5 bons Km de manière à dépasser le contrôle de police pensant que c’est ce qui freine les routiers mais c’est pareil, il n’y a pas plus d’arrêts de leur part… Alors nous rebroussons chemin jusqu’à la station. Je suis G.E.L.E.E. (je rêve d’un bon petit déj’ bien chaud comme après une certaine nuit à Brocéliande!).
Finalement, nous nous rendons à l’office du tourisme pour demander s’il y a des bus pour Rio Grande ou Gallegos. Et là, 2 filles super nous sauvent la vie : elles commencent par appeler la compagnie de bus. En fait, le bus a été annulé et ils auraient envoyé un mail pour prévenir mais Poulou a beau consulter sa boite mail : rien… Du coup, ils sont d’accord pour nous changer les billets au lendemain si nous arrivons à l’agence de Rio Grande avant 19h (il est 14h30). Il nous faut donc retourner au contrôle de police et leur expliquer notre cas pour qu’ils « arrêtent les voitures pour leur demander de nous emmener » (Heuuuu… Ok! Mais vous êtes sûres qu’ils font ça les flics ici, parce que chez nous… ??!). La fille appelle aussi notre hôtel à El Calafate afin d’annuler notre réservation pour ce soir mais c’est « perdido »… L
Nous reprenons donc nos sacs pour retourner à la police mais la plus vieille de l’office nous propose de nous y emmener (c’est encore adorable de sa part !). Arrivés sur place, elle explique notre cas aux policiers mais, au départ, la flic présente refuse en disant que c’est leur responsabilité, tout ça tout ça… puis arrive le supérieur qui accepte donc elle s’exécute ! Il y a toujours aussi peu de circulation en ce lundi… Puis un homme fini par passer, s’arrête et accepte : c’est José Damian, notre ange gardien aux origines basques (il porte même un béret !). Il est très loquace, très agréable, nous discutons, je ne comprends pas tout, nous partageons avec lui notre seul paquet de biscuits pour la journée, lui nous offre des pommes… Un bel échange humain!
Il nous dépose à la gare routière de Rio Grande dans les temps, et nous bataillons encore un peu pour récupérer de nouveaux billets à la date de demain et surtout, pour que l’on nous rembourse notre nuit d’hôtel perdue… A ce sujet, nous nous arrachons les cheveux, moi en espagnol, Poulou en anglais au téléphone avec une responsable qui refuse car c’est « notre faute »… Nous continuons de prôner le fait que nous n’avons jamais reçu ce mail… Pendant ce temps, on me prend pour une conne au terminal de bus lorsque je demande à plusieurs agences si elles ont le wifi, la réponse est non sauf que plus tard j’en vois une se marrer devant son écran et l’autre qui regarde les infos et réserve ses billets d’avion sous mon nez… Connaaaaasses !!
Bref, très longue histoire et prise de tête pour en arriver finalement à nos fins : elle nous trouve un hôtel qui nous sera remboursé le lendemain matin avant de prendre le bus ! Nous y filons nous ressortons prendre notre seul repas de la journée et nous nous couchons épuisés et avec 10 ans de plus que le matin au réveil : FIN de cette journée de m**** ! (Ah oui et accessoirement, Poulou trouve un message de la compagnie de bus sur Facebook qui nous avertissait de l’annulation du bus… Oooh zut !)
Le lendemain, sans souci aucun, nous cheminons jusqu’à Rio Gallegos en passant par le Chili puis prenons le bus suivant à destination d’El Calafate ! Nous arrivons vers 00h30 à El Calafate, une petite marche dans le froid et le noir pour rejoindre notre auberge et nous nous faxons dans nos lits respectifs ! Pour ce qui est du diner prévu avec Gus et Djé, ça attendra demain !
Le lendemain nous partons admirer l’une des plus belles choses que nous avons pu voir depuis le début de notre voyage : le Perito Moreno, un des glaciers les plus actifs au monde, qui avance jusqu’à 2m par jour et dont des icebergs de la taille d’un immeuble se détachent pour venir s’écrouler dans le lac à ses pieds dans un vacarme inoubliable !!! Nous nous promenons durant 4h sur les passerelles qui s’en approchent : il fait bien froid mais le spectacle est tellement merveilleux que nous en oublions presque que nous sommes glacés ! Nous assistons même en direct à un énorme morceau qui se décroche… un souvenir merveilleux (que j’ai cru filmer mais ça n’a pas fonctionné !).



En rentrant, nous retrouvons nos 2 amis pour manger.
Le lendemain, nous partons tous les 4 en bus pour El Chalten, petit village connu des trekkeurs ! Sur la route, les paysages sont magnifiques : pampa, lacs et montagnes en toile de fond !


En arrivant au village, « Tommy », un garde forestier du parc naturel, nous fait un petit briefing sur ce que nous avons droit ou pas de faire au sein du parc national. Le temps de faire quelques courses, de manger et nous partons faire une petite balade jusqu’au Mirador del Torre. Malheureusement, arrivés à destination, la vue est bouchée et nous devinons à peine la partie inférieure du glacier… Nous ne poussons donc pas plus loin dans la rando et redescendons au village.
Le lendemain, 7h, le ciel est parfaitement dégagé et nous admirons le soleil rouge se lever sur le grand et majestueux Fitz Roy nappé de neiges éternelles… La journée est parfaite pour partir à sa rencontre! Nous partons donc pour une magnifique randonnée de 20 bons Km A/R avec cette magnifique montagne face à nous et sous le soleil durant tout l’aller… Après un ultime Km de fort dénivelé, nous arrivons au pied de ce célèbre Fitz Roy, sans voix… Admirez plutôt (promis, aucune retouche de la couleur du lac n’a été faite !) :




Je vous laisse deviner que le lieu est tout simplement parfait et féérique pour déjeuner !
Puis le vent se lève, le ciel se charge : il est temps de prendre la route du retour ! Et là, nous sommes 3 sur 4 à sentir passer les 4h de descente : mon dieu, les genoux !!!! Une petite piqûre de rappel au passage : nous avons pris un petit coup de vieux ces derniers mois et nos corps en pâtissent ! Nous comprenons, surtout avec le mal de genoux de Poulou depuis l’accident et le mien depuis ma chute en Russie, que nous allons devoir abandonner l’idée de faire des treks de plusieurs jours… Bon, il est vrai que l’idée de nous trimballer des sacs de 13-16Kg sur le dos, avec tente, réchaud et tout le tintouin ne nous enchantait pas plus que cela non plus !
Le lendemain, nous faisons une petite randonnée jusqu’au Mirador de las Aiguilas qui jouit d’une jolie vue sur la région :

Puis nous attendons tous les 4 à l’auberge l’heure des adieux pour prendre nos bus de nuit respectifs : ils filent direct à Bariloche, tandis que nous coupons la route en 2 à Perito Moreno (la ville cette fois !). L’idée est de faire du stop sur la 2ième partie du trajet, afin de diminuer le coût de la plaisanterie. Et si l’expérience s’avère aussi peu glorieuse que la 1ière fois, la ville étant à 2 pas du Chili, nous passerons la frontière et remonterons côté Chili où les transports sont parait-il bien moins onéreux ! Nous remettons donc la suite de notre programme entre les mains du destin…
En tout cas un grand merci à nos 2 guides de moyenne montagne Gus et Djé !
Et la suite vous attend au prochain épisode ;)
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